L’HISTOIRE DU SITE

L’histoire du réfectoire des Cordeliers est étroitement liée à celle de l’ancien couvent et des personnes qui ont occupé ce lieu durant des années.

Confrérie apparue au 13ème siècle, les frères mineurs de Saint-François sont aussi appelés les Cordeliers. Ces disciples franciscains sont appelés ainsi car ils portaient une large corde pour tenir leur robe. Ils ont donné leur nom à l’ensemble conventuel où ils ont logé pendant des siècles.

Un lieu majeur de l’enseignement parisien durant 6 siècles

Sur ordre du Roi Louis IX, l’Abbaye de Saint-Germain-Des-Prés prêta un ancien champ de vigne aux Cordeliers pour que ces derniers puissent y édifier des logements et lieux de culte. La construction du réfectoire du couvent des Cordeliers démarra au 13ème siècle pour se terminer en 1506.

Les Cordeliers bâtirent un couvent, deux cloîtres un réfectoire, une église ainsi que plusieurs jardins. Le réfectoire est aujourd’hui le seul vestige tangible de cet ensemble qui fut un des plus importants centres religieux, intellectuels et politiques de Paris entre le XIVème siècle et le XVIIème siècle. Avec l’établissement de la Sorbonne, le couvent des Cordeliers faisait partie des références pour la théologie et l’enseignement philosophique.

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Les cordeliers apprenant l’exercice – 1588

Plus d’un siècle de travaux pour le réfectoire

Un premier réfectoire avait été construit au XIIIe siècle en même temps que les premiers bâtiments mais celui-ci dût être détruit en 1358 à cause de la reconstruction du rempart de Philippe Auguste. La construction du réfectoire actuel daterait donc de la seconde moitié du XIVe siècle pour se terminer en 1506 avec la finition du portail, des fenêtres de la partie supérieure de l’édifice et du pignon occidental.

La communauté des religieux franciscains se développa au cours des XVème et XVIème siècles mais un grand incendie toucha le cloître et l’église en 1580. L’église fut reconstruite entre 1582 et 1606 et il fallut attendre 1683 pour voir émerger le nouveau cloître des Cordeliers.

L’influence des Cordeliers dans l’enseignement et la vie spirituelle parisienne fut importante grâce à l’appui que la confrérie recevait de la part des différents rois de France et du pouvoir papal. L’enseignement franciscain jouissait en effet d’une grande renommée auprès des pouvoirs politique et religieux.

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Façade du réfectoire des Cordeliers, au XIXème siècle

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Plan du couvent des Cordeliers, en 1774.

Du Moyen-âge à la fin du XVIIIe siècle, le réfectoire eut plusieurs utilisations. De simple réfectoire et dortoir pour les moines franciscains et étudiants, le bâtiment abrita également la Bibliothèque royale (24 000 œuvres) ainsi que les archives de la Chambre des Comptes.

XVIIIe siècle : le déclin des Cordeliers

La situation des Cordeliers fut relativement stable jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
Malgré cette renommée, l’entretien du couvent nécessitait une implication très importante d’un point de vue financier comme humain. Face à la baisse des effectifs et aux difficultés financières, les cordeliers décidèrent de cloisonner le réfectoire pour y louer plusieurs magasins. Dès 1761, le réfectoire fut donc divisé avec une partie destinée à l’usage traditionnel du lieu et une autre à l’attention des commerçants de la ville.

La baisse de fréquentation des enseignements et du nombre de religieux dans cette confrérie entraîne le développement de projets divers visant le remplacement complet du couvent des Cordeliers.
En 1779, le ministre Jacques Necker souhaitait par exemple exproprier les religieux afin d’installer une nouvelle prison dans le cloître et de donner à la Chambre des Comptes le réfectoire pour son dépôt d’archives.

Face aux protestations de la confrérie des Cordeliers, le Roi Louis XVI décide en 1783 de confirmer la possession de l’église, du cloître et du réfectoire aux Cordeliers.
Outre ce sauvetage in extremis de la part du Roi, 1783 est une année particulière pour le couvent puisqu’elle marque également l’année de réalisation dans cet édifice du grand plan de Paris. Commandé par le Roi, ce plan fut terminé par l’équipe d’Edmée Verniquet en 1790.

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Plan de Paris, Edmée Verniquet – 1790

La Révolution Française et les agitations politiques des années 1790 vont définitivement sonner le glas de la présence des Cordeliers au réfectoire et plus largement, de l’existence même du couvent. Aux religieux présents dans cet ensemble depuis plusieurs siècles succédèrent les membres de la Société des Droits de l’Homme et du Citoyen, plus connu sous le nom de Club des Cordeliers. Ce club occupa dès avril 1790 et durant 5 ans les locaux du réfectoire avec à sa tête plusieurs grands noms de l’histoire de France : Danton, Marat, Hébert, Camille Desmoulins et Choderlos de Laclos. Le Club des Cordeliers fut un des plus actifs durant les insurrections révolutionnaires et son auditoire était essentiellement constitué de personnes issues de milieux populaires. Ses membres furent également les premiers à demander la déchéance de Louis XVI après son arrestation à Varennes.

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Portrait de Danton par Constance-Marie Charpentier, Musée Carnavalet, 1792.

Le club connut un nouveau souffle en août 1792 lors de l’insurrection populaire qui entraîna la fin de la royauté en France mais les années 1794 et 1795 marquèrent le déclin et la disparition de ce club historique de la Révolution française.

En 1790, tous les couvents des Cordeliers ont été fermés. Cette décision marqua le début d’une nouvelle ère pour le réfectoire qui garda tout de même le nom de la confrérie.

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Querelle entre clubistes des Cordeliers et sectionnaires

XIXe siècle : le renouveau du réfectoire

De nombreux changements structurels vont toucher le réfectoire sur la toute fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Une décision va radicalement changer le visage du site des Cordeliers. En 1795, l’Etat décide d’installer l’école de santé de Paris dans l’ancien couvent. Le réfectoire accueille les cours d’anatomie et de médecine opératoire. Cette ordonnance vient affecter définitivement les locaux des Cordeliers à la Faculté de Médecine.

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Par ailleurs, la quasi-totalité des bâtiments du couvent vont être détruits et seuls le réfectoire et une partie du cloître vont subsister jusqu’à aujourd’hui. Un programme de travaux pour le réfectoire est par ailleurs lancé en 1806. En dépit de l’ordonnance de 1795, des aménagements ont été prévus pour accueillir dans le bâtiment plusieurs organismes et personnalités non issues du domaine médical et sanitaire.

En 1805, le réfectoire fut aménagé pour accueillir les ateliers de travail de M. Merklein où étaient fabriqués billets, timbres et sceaux de la Banque de France. L’autre partie du réfectoire était occupée par Francesco Belloni et les élèves de l’Ecole de mosaïque.

Le baron Regnault louait enfin les combles pour y installer son logement et son atelier de peinture.

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Le réfectoire des Cordeliers, en 1881.

En 1826 et face aux demandes répétées du doyen de la faculté de Médecine de demander le départ des ateliers de travail, on décida d’installer l’Ecole mutuelle et les salles de dissection de l’Ecole pratique de Médecine.

1835 marque l’arrivée du musée Dupuytren, le musée d’anatomie pathologique de la ville. Des travaux de réhabilitation et de réaménagement seront notamment supervisés par l’architecte Alphonse de Gisors.

La vocation médicale du site est définitivement scellée en 1875 avec la décision de la Mairie de Paris d’accorder à titre perpétuel ces terrains et bâtiments aux services de la faculté de Médecine. L’année suivante voit la destruction des bâtiments neufs construits par Alphonse de Gisors. De nouveaux bâtiments plus amples viennent remplacer le cloître afin de permettre l’arrivée de l’Ecole pratique d’Anthropologie. Une bibliothèque et une galerie de 10 000 pièces d’anatomie et morphologie se trouvaient également dans le réfectoire.

Le 20e siècle : la sauvegarde du réfectoire des Cordeliers

Après les travaux des années 1870, aucun aménagement ne sera fait au réfectoire. Malgré les débats sur la possible destruction du réfectoire, il est décidé de classer le bâtiment à la liste des monuments historiques en 1905 (ce classement sera confirmé définitivement en 1975 par arrêté). Cette décision sauve ce grand bâtiment de la destruction qui devient donc le seul et dernier vestige de l’ancien couvent des Cordeliers.

L’entre-deux-guerres marque une période de réhabilitation du réfectoire car très peu de soins avaient été apportés à l’entretien. Entre 1929 et 1935, une campagne de restauration est menée pour rénover notamment la toiture, les lucarnes qui dataient du XIXe siècle et la suppression des souches de cheminées. Le musée Dupuytren fut également fermé en 1939.

Il faudra attendre 1985 pour voir le réfectoire bénéficier d’une nouvelle campagne de restauration qui entrainera notamment la destruction du mur de refend qui avait été construit durant les aménagements de 1806.

Avec la réhabilitation qui démarre fin 2015, le réfectoire des Cordeliers va connaître la plus importante phase de travaux de rénovation de son histoire. Cette mise en valeur du réfectoire permettra d’ici le 2ème semestre 2018 de créer 39 logements pour des chercheurs et d’avoir un pavillon d’accueil datant du 18e siècle totalement rénové.